Intégré à l’Association CHISPA (Círculo Hispánico), l’Atelier Théâtre espagnol Lansad a pris le relais de l’Atelier Théâtre LLCE espagnol: en 15 ans, 17 spectacles de théâtre en espagnol ont été représentés à l’Université Stendhal! 7 étudiantes des filières LLCE espagnol, Lettres modernes et Traduction spécialisée vous présentent Amores hay tantos como mortales en la tierra (Il y a autant d’amours que de mortels sur la terre), une pièce inédite spécialement écrite pour elles par le dramaturge Santiago Serrano (Argentine, 1954): nous le remercions infiniment pour sa créativité, pour sa générosité à l’égard de nos étudiants et de notre université, pour l’amitié qu’il nous témoigne depuis plusieurs années et qui donne tout leur sens à nos missions pédagogiques et scientifiques.
Le dramaturge Santiago Serrano, qui est également psychologue, acteur et metteur en scène, est l’auteur d’une vingtaine de pièces jouées en Amérique latine et en Europe. L’Atelier théâtre espagnol de Stendhal met régulièrement en scène ses textes depuis 2005. Le dramaturge nous a fait l’honneur de venir en résidence à Grenoble en 2006, puis d’écrire pour les étudiantes de l’Atelier théâtre 2008-2009 la pièce Las hijas de Eva, remis en scène et joué depuis en Argentine. Et nous serons très heureux de l’accueillir à l’Université Stendhal les 9 et 10 avril 2013, à l’occasion du Colloque international « La révolution théâtrale dans le Río de la Plata » (ILCEA-CERHIUS).
Cette manifestation s’inscrit dans le cadre des recherches menées au sein de l’ILCEA (CERHIUS) sur le théâtre contemporain hispanophone. Publications, colloques, résidences de dramaturges, mise en scène de textes inédits, notre réflexion sur le théâtre s’enrichit dans ce dialogue entre auteurs et étudiants-comédiens, théorie et pratique, texte et scène, recherche et enseignement. En 2011, une réflexion collective sur l’apprentissage des langues par le théâtre a été amorcée à l’initiative de l’Inspecteur d’Académie/IPR Monsieur Maxime Lachèze et des IPR des différentes langues de l’Académie de Grenoble, offrant de nouvelles perspectives de valorisation et de promotion de la pratique théâtrale en langues étrangères au collège, au lycée et à l’université.
Amores hay tantos como mortales en la tierra
Quelles sont les différentes façons d’aimer ? Quelques personnages explorent les imaginaires contemporains de la relation amoureuse, croisant le burlesque, le romantisme et l’humour noir, relayés par quelques boleros, fil conducteur musical sur les joies et les souffrances de l’amour. Le procès de Cupidon s’annonce houleux: comment justifiera-t-il ses actes, et surtout, ses erreurs ? La juge n’a pas l’intention de se montrer clémente, et il faudra beaucoup d’arguments à notre héros pour la convaincre de son innocence, car les erreurs de trajectoire de certaines de ses flèches n’ont pas été sans conséquences…
Dans la scène 1 "Capullito de alelí", une jeune fille raconte, entre pudeur et passion, l’aventure d’un amour romantique, spirituel et charnel, porté par l’art musical. C’est l’histoire d’une professeur de piano, passionnée et solitaire, dont tout le monde disait qu’elle resterait vieille fille... jusqu’à ce que l’amour , sous les traits d’un charmant plombier, frappe à sa porte et l’emmène loin de son village et loin des conventions, dans un espace de liberté assumée.
La passion peut conduire à la fusion, comme le révèle une femme qui, lorsqu’elle aime, s’engage corps et âme dans une quête de l’absolu, dans le vertige de l’infini (scène 2: "Bésame, bésame mucho"). Mais comment son homme a-t-il pu lui échapper du jour au lendemain? Et pourquoi les hommes peinent-ils tant à s’engager? Élan mystificateur, sensoriel et poétique, léger et grave, l’amour alterne extases et déceptions au gré d’un idéalisme à toute épreuve.
Mais l’amour, ce peut être aussi l’ambiguïté de la possession, où pulsion de vie et pulsion de mort s’entrelacent inexorablement : la jeune femme aveugle de la scène 3 "Sombras nada más (Amor canino)" explore les méandres de l’âme humaine, en évoquant l’amour profond qui la (re)lie à son chien, jusqu’à mettre en péril son mariage avec José. Le sentiment amoureux se démystifie et se révèle dans sa dimension quasi animale… et mortelle.
L’amour est aussi le terrain de jeu privilégié de l’absurde, comme le montre cet imbroglio amoureux que la juge et Cupidon tenteront d’élucider tant bien que mal: lorsque la femme et la maîtresse d’un homme se rencontrent, leur dialogue ne peut être écrit à l’avance.
Au comble de l’indicible, l’amour est métamorphose et mutation: à une époque où les valeurs changent, où les repères s’effacent ou se déplacent, aimer, c’est marcher en équilibre sur un fil tendu au-dessus de deux abîmes. Lisa cohabite avec son compagnon et une autre femme, tous trois réunis en un seul corps. De séparations en réconciliations, entre complicité et rivalité, entrechocs et fluidité, la scène 4 "Dos almas" est le défi scénique d’un être à trois têtes lancé par Santiago Serrano, qui, comme il sait si bien le faire, nous invite à nous exercer, par le théâtre, à une gymnastique artistique et libératrice de la pensée.
La juge et Cupidon l’ont bien compris : le procès devait être exemplaire, il ne sera qu’atypique, déjanté, subversif et libre, à l’image de ces personnages dont l’identité est une féconde "connexion et déconnexion d’espaces" (Lévi-Strauss), le mouvement perpétuel d’une réinvention de soi dans et par l’amour. Car il y a autant d’amours que de mortels sur la terre…
La Fiscal: Nihad Mohamed Laamiri
Cupido: Elodie Sitaire
Escena 1: Capullito de alelí
Joven: Irène Bonhoure
Escena 2: Bésame, bésame mucho
Mujer: Andjali Cochet
Escena 3: Sombras nada más (Amor canino)
Joven ciega: Anna Larat-Lini
Escena 4: Dos almas
Lisa: Lisa Delorme
Cabeza 1: Maëva Harmand
Cabeza 2: Lisa Delorme
Mise en scène collective
Sous la direction de Cristina Breuil
et Gustavo Herrera González
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